mercredi 25 avril 2012

Capitalisme et propriété privée

"Quel voleur accepte qu'on le vole?"



Dans ce livre de 128 pages en forme de harangue publique effrénée, Nicolas Bon repose de manière inattendue la question des rapports entre vol et propriété privée, afin de repenser les principes généraux de l’économie et de l’accumulation capitaliste. Son originalité tient à ceci qu’il part d’une théorie de l’objet tout à fait inédite, dont il tire une anthropologie fondée sur le privilège de la main. Car l’être humain, parce qu’il est doté de ces mains béantes où chaque muscle est comme une bouche, est tiraillé par deux tendances, à la fois complémentaires et contradictoires : se saisir avidement de toutes les choses épaves qui voguent à la surface du monde (voler), et les débarrasser aussitôt après de ce statut originel, en les attachant fermement à soi (sans être volé) — car quel voleur accepte qu’on le vole ?
Or c’est bien dans cette double inclination que le capitalisme a trouvé le principe dynamique qui allait lui permettre d’assurer son implacable empire sur le monde, au rythme de la prolifération des chiens. Dans ces conditions, Nicolas Bon ne pouvait pas se contenter de faire simplement l’apologie du vol, au risque de justifier à l’envers toute forme de propriété privée, qui passe toujours, à un moment ou un autre, par l’accaparement et la spoliation. Loin de là, il développe une éthique où la vieille règle d’or de l’Ancien Testament doit être renversée en sa version « réciprociste », celle-ci disant maintenant : Veuille que ton prochain te fasse ce que tu lui fais toi-même. En d’autres termes, quant au sujet qui nous préoccupe : Si tu veux voler, alors accepte d’être volé en retour !Et c’est là le message d’humilité que le gantier Mignot, tel que Nicolas Bon le met en scène ici, s’efforce de transmettre à ses auditeurs. Car si les objets restent toujours, qu’on le veuille ou non, des épaves ou des poissons perdus, des res nullius ou des corps flottants ; autrement dit, si toutes les biens du monde flottent sans soutien dans l’espace, réclamant d’être saisis, nous tendant pour ainsi dire la main eux-mêmes, il s’agit quand même de « trouver là l’occasion de notre liberté, plutôt que celle de notre servitude ».

Vous pouvez commander ce livre directement auprès des Éditions Pontcerq (12, rue de Chateaudun, 35 000 Rennes) ; sachez qu'il est également disponible en ligne à l'adresse suivante : http://i2d.toile-libre.org/PDF/2011/i2d_capitalisme_propriete.pdf).

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